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Les coopératives d'activité et d'emploi

Mis à jour le 21/11/2024

CAE

Une quinzaine de coopératives du réseau ORCAB compte parmi ses adhérents une coopérative d’activité et d’emploi (CAE) qui fait le lien avec des artisans bénéficiant d’un statut peu connu, celui d'entrepreneur-salarié.

Une CAE, kezako ?

Comme le souligne Martine Jaffrelo, gérante de Filéo Bâtiment, coopérative adhérente CAB, « une CAE ce n’est pas un statut », c’est un mode de fonctionnement coopératif qui évolue généralement sous forme de Scop* ou de Scic** et qui implique donc une gouvernance participative et partagée avec ses adhérents associés. « Nous sommes soumis aux mêmes règles que n’importe quelle entreprise du bâtiment », ajoute-t-elle.

Une coopérative d'activités accompagne ses adhérents dans la création ou le développement de leur entreprise en apportant conseil, soutien, formation, etc. Elle représente une forme d'entrepreneuriat qui réunit autonomie et sécurité en permettant aux entrepreneurs-salariés d'être indépendants et libres dans leur organisation et leur politique commerciale, tout en bénéficiant des avantages du salariat. Elle leur offre l'occasion, entre autres, de développer un réseau professionnel au sein même du groupement d'entrepreneurs, de tester leur activité, de choisir leur futur statut ou encore d'acquérir des compétences en gestion d'entreprise. L’entrepreneur-salarié peut se consacrer entièrement à son métier grâce aux services mutualisés des CAE qui se chargent des aspects administratif, juridique, fiscal, social et comptable.

Pour Virginie Fraud, chargée de développement réseau de l'ORCAB, « les CAE représentent une solution coopérative d'avenir, intégrant des artisans souvent motivés par des idéaux ».


Stéphane Bigeu, animateur réseau ACEM, constate que « les artisans qui sortent de leur coopérative d'activités et s'installent à leur compte sont tout de suite des adhérents très impliqués puisqu'ils connaissent parfaitement notre environnement, dans lequel ils évoluent déjà. »


Pour nos coopératives, travailler avec une CAE représente aussi une garantie de paiement.

* société coopérative et participative ** Société coopérative d'intérêt collectif

Le témoignage d’Arthur

Baticoop est une CAE sous forme de Scic située à Montbéliard (25) et adhérente à la CASEC. Dans ses rangs, elle compte huit artisans qui travaillent avec la coopérative d’achats. Arthur Andrieu est l’un deux depuis janvier dernier. « Nous avons le profil d’entrepreneur mais un statut de salarié. Notre salaire dépend de notre chiffre d’affaires. Nous avons trois ans maximum pour soit devenir sociétaire, soit quitter la CAE et monter notre boîte. Dans ce dernier cas, la coopérative accompagne notre sortie », résume cet ingénieur en génie électrique au parcours atypique. « Après mes études, j’ai travaillé comme responsable d’équipe et de projets dans une grande entreprise allemande. Je ne m’y suis pas retrouvé, j’ai démissionné pour me tourner vers la transition écologique et sociale. J’ai alors rejoint une association pour accompagner des particuliers dans leur projet d’autonomie énergétique, je faisais de la formation théorique et pratique. Après, j’ai participé à un grand projet de rénovation d’une maison paysanne avec huit autres personnes. »

Fort de ces expériences, Arthur a créé ”Autonomie positive”, en s’appuyant sur Baticoop. Il peut ainsi profiter de tous les avantages des adhérents CASEC. « Je démarre, je n’ai pas encore d’espace de stockage, alors je fonctionne avec l’entrepôt de la coopérative. Mon projet initial était de me mettre à mon compte d’ici deux ans et demi à mi-temps, pour organiser des ateliers partagés en parallèle. Mais il se peut que je reste salarié et devienne sociétaire. Quoiqu’il en soit, ma volonté est de passer 100% par la CASEC pour soutenir ce principe coopératif dans lequel je suis investi. Nous travaillons notamment ensemble à développer l’offre du photovoltaïque. C’est une relation basée sur l’échange. »

Arthur

Le témoignage de Pierre

Après des études universitaires en génie électrique et 20 ans à enseigner la physique industrielle pour l’éducation nationale, Pierre Combastel entame une reconversion professionnelle à 40 ans pour devenir charpentier-couvreur. D’abord salarié dans ce nouveau domaine, il découvre le modèle coopératif via ACEM, à laquelle son employeur adhère. 

En 2014, il intègre Alterbative, une CAE sous forme de Scop, elle aussi adhérente ACEM, basée à Poitiers (86). Il en devient sociétaire de 2016 à 2021, avant de se mettre à son compte avec sa femme. « C’était nécessaire pour pouvoir embaucher de façon pérenne un jeune du village, explique-t-il. Mais nous réfléchissons, avec d’autres “anciens” d’Alterbative, à créer un label “Made in Alterbative” pour conserver l'identité de la coopérative et son image forte notamment en matière d’utilisation de matériaux biosourcés. » Reconnaissant, il ajoute : « C’est grâce à la coopérative que je suis devenu entrepreneur, grâce à l’appui de l’équipe salariée et aux responsabilités prises en tant qu’associé. J’ai pu appréhender toutes les facettes de l'entrepreneuriat et prendre de bonnes habitudes avec une charge mentale réduite car je n’étais pas seul. Ça m’a mis en ordre de marche pour commencer une entreprise avec des salariés. » Il souligne aussi le rôle joué par ACEM : « Quand on commence en CAE on est tout petit, notre dépôt c’est la coopérative. »

En quittant sa Scop, c’est tout naturellement que Pierre a continué de fonctionner avec ACEM. « C’est la colonne vertébrale de ma logistique. Je peux parfois commander par elle et être livré par TRIANGLE, c’est la force du réseau ORCAB. » 

Pierre