Portrait - Alain, un artisan la main sur le cœur, la tête dans les nuages

« Je n’étais pas mauvais à l’école, mais ce n’était pas adapté pour moi. Très tôt, j’ai choisi la voie de mon grand-père, qui était menuisier, et suis parti sur le tour de France des compagnons à 15 ou 16 ans. C’est un parcours exigeant, seul un aspirant sur dix termine son compagnonnage. Je me suis endurci et j’ai beaucoup voyagé », raconte l’artisan bourguignon d’origine. « Je me suis établi à 25 ans comme ouvrier à Angers. J’ai travaillé chez plusieurs employeurs et gravi les échelons en même temps que je passais des examens pour me mettre à niveau. »

C’est en 1999 qu’il rachète une entreprise pour un euro symbolique et s’installe à Trélazé (49). « J’avais trois ouvriers et un apprenti, qui reprend aujourd’hui la suite de l’entreprise. Avec cette transmission, je suis fidèle aux valeurs compagnonniques. » Entre temps, Alain aura fait prospérer son atelier, qui emploie aujourd’hui 32 salariés. « Nous avons formé plus de 80 apprentis en 25 ans, dont 80% sont restés dans le métier. Je suis passionné par les jeunes et la jeunesse, envers qui je ressens un devoir de communiquer mes savoirs et savoir-faire. Mon entreprise est un microcosme sociétal qui mélange les âges, les genres, les religions, les opinions politiques… et dans lequel tout le monde s’entend bien », ajoute cet optimiste à toute épreuve.

C’est à l’occasion d’un baptême de l’air qu’Alain se découvre une passion pour la montgolfière. « J’en garde un souvenir impérissable », raconte-t-il. Il devient alors sponsor d’un ballon, qu’il utilise comme support de communication pour son entreprise. « En tant que sponsor, j’ai négocié cent places à offrir, notamment à mes salariés. À force d’accompagner mes invités, j’ai voulu apprendre. C’est ainsi que j’ai passé mon brevet de pilotage et acheté mon premier petit ballon d’occasion. Ma compagne s’est prise au jeu et est devenue pilote elle aussi. Nous avons maintenant quatre ballons, dont un grand pour six personnes, dans lequel une maison peut tenir. Nous avons des sponsors pour chacun, car c’est une activité coûteuse. »

Pour la rentabiliser, Alain crée Aérobulle en 2009, une entreprise qui propose des vols en montgolfière de mai à octobre. « Nous nous levons très tôt le matin, souvent vers 4 heures. » Sur cette période, il cumule ses heures de vols (750 à son actif) avec son activité artisanale et ses engagements auprès de la CAPEB, qui représentent pour lui une continuité de son parcours compagnonnique, tout comme son adhésion à sa coopérative, avec une idée conductrice : « Même en étant petit, on peut être fort. »

* Confédération de l’artisanat et des petites entreprises du bâtiment
** Conducteur d’aérostat, un aéronef dont la sustentation est due à un gaz plus léger que l’air.