Portrait - Anthony, artisan triple coopérateur

Ce goût pour la mobilité, il a d’ailleurs pu l’exprimer tout au long de sa formation chez les compagnons, notamment lors de son tour de France, de 2001 à 2008. Originaire de Nantes (44), Anthony a ainsi pu découvrir le pays et apprendre à maîtriser de nombreuses techniques (comme le solaire thermique, l’aérothermie et la géothermie). « J’ai terminé mon compagnonnage à Pau (64) en tant que formateur en techniques des installations sanitaires et thermiques pendant trois ans. Transmettre son savoir-faire fait partie du parcours complet d’un compagnon », explique-t-il.

En 2010, avec sa compagne, ils décident de s'installer en Bretagne, à Vannes (56). La même année, il lance la SARL Girard. « C’est grâce au réseau des compagnons que j’ai trouvé mes premiers chantiers. » Le carnet de commande se remplissant, arrive la difficulté à embaucher de la main d'œuvre qualifiée. Anthony trouve une solution en s’associant à un confrère, dont il sous-traite les services. Peu de temps après, en 2022, c’est à trois plombiers-chauffagistes-frigoristes qu’ils décident de créer la première coopérative de France regroupant des artisans d’un même corps de métier.

Ainsi naît AG Confort, installée à Saint-Nolff (56) et spécialisée dans la plomberie, le chauffage et les énergies renouvelables. « Nous ne voulions pas d’un système pyramidal », raconte Anthony, qui se rappelle les difficultés administratives rencontrées, leur coopérative ne rentrant dans aucune case existante. « Cela a été compliqué de faire comprendre que nos trois entreprises ne sont pas sous-traitantes mais travaillent exclusivement pour notre coopérative, qui peut dès lors être la structure unique à porter la décennale et à être inscrite RGE. »

L’aventure coopérative d’AG Confort continue quand l’idée émerge de créer Bâtir ensemble, une coopérative de construction (lire article page 11). « Nous nous sommes réunis à quatre entreprises, de différents corps d'état. Nous avions l’habitude d’intervenir ensemble sur des chantiers et partagions l’amour du travail bien fait. » Depuis sa création, six autres entreprises, triées sur le volet, ont intégré la coopérative, essentiellement tournée vers la rénovation. « Nous formons en quelque sorte une coopérative “maître d'œuvre” », simplifie Anthony.

« Nous sommes plus forts rassemblés, mais cela demande une volonté personnelle, un engagement et un état d’esprit. Il faut aussi réussir à faire comprendre notre système horizontal. À nos salariés et apprentis, nous expliquons que la coopérative est un outil dont ils peuvent se saisir en se mettant à leur compte. Nous les sensibilisons par ailleurs à la transmission du savoir-faire, pour ne pas le perdre. » Car former à l’esprit coopératif, c’est aussi une façon de se prémunir contre le manque de main d'œuvre.