Portrait - De l’importance de donner autant que l’on reçoit

Ce sont plusieurs rencontres qui l’orientent dans cette voie, tout d’abord lors d’un journée portes ouvertes des compagnons du devoir, à Angers. « J’ai alors suivi une semaine de découverte aux métiers de menuisier et charpentier, en 3e, qui m’a convaincu », se rappelle‑t‑il. Le parcours de Stéphane s’ancre dans le compagnonnage. Il y suit sa formation en internat, où il apprend la vie en communauté. Puis il devient aspirant, et quelques années plus tard, en 1991, compagnon. Il poursuit son engagement en tant que prévôt de la maison de Tours, où il donne pendant cinq ans les cours du soir et du samedi qu’il a lui-même reçus auparavant.

Après quelques années de salariat, il rachète l’entreprise Daniel Pernod en 2002. Il a alors 35 ans, et son équipe est composée de trois salariés. Aujourd’hui à la tête d’une vingtaine de collaborateurs et d’une dizaine d’apprentis, Stéphane doit en partie son succès à sa capacité à diversifier son activité en fonction des besoins du marché. C’est ainsi qu’en 2008, il se tourne vers l’extension bois, qui lui permet notamment d’offrir un nouveau produit, le studio de jardin (une installation de moins de 20 m2, déplaçable et aménageable aussi en bureau ou en chambre).

Stéphane mise beaucoup sur la transmission des savoir-faire et embauche plusieurs ouvriers expérimentés de plus de 50 ans. « Je n’ai jamais perdu de vue l’apprentissage, ni la solidarité, raconte‑t‑il. Dans notre équipe, nous comptons deux migrants mineurs isolés, une ancienne factrice en reconversion, trois jeunes compagnons sur leur tour de France dont un en bureau d’études du fait de ses problèmes de dos. » Dans sa gestion, Stéphane « délègue aux conducteurs de travaux, qui fonctionnent en autonomie, comme des entrepreneurs ».

La fraternité est une valeur forte dans sa vie privée aussi. Avec sa femme, éducatrice de jeunes enfants et auxiliaire de vie scolaire, ils adoptent quatre enfants originaires de Djibouti grâce à “Vivre en famille”, une association dont Stéphane devient vice-président et qui se donne pour but l’adoption à l’internationale, l’accueil d’adultes et d’enfants en situation de handicap et l’aide humanitaire en Afrique. « Nous avons eu la chance de bénéficier du soutien de cette association, il est normal de contribuer à aider d’autres personnes », estime l’artisan Tourangeaux.

« Sans mon entreprise qui me fait vivre, je ne pourrais pas honorer tous mes engagements bénévoles », explique Stéphane. Car ce dernier fait aussi partie des 37 membres fondateurs de TRIANGLE, occupe, en Indre et Loire, les fonctions de président de la FFB (Fédération Française du Bâtiment), d’administrateurs de la CPME (Confédération des petites et moyennes entreprises) et du MEDEF (Mouvement des entreprises de France), et encore de membre du bureau de la Chambre de commerce et d'industrie (CCI). « J’étais élu de la Chambre de métiers et de l’artisanat (CMA) avant. Partant du principe que 80% des artisans sont adhérents des deux chambres et qu’il serait possible de réduire les coûts de fonctionnement de ces institutions publiques, je milite depuis des années pour ne faire plus qu’une chambre, pour unir nos forces et nos finances. »