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Portrait - Elsa, une reconversion réussie

Mis à jour le 23/11/2024

Elsa AGASSE

Si vous passez par l’Atelier Arborescence, situé à Saint-Nolf, près de Vannes (56), vous croiserez sans doute la route d’Elsa Agasse, 34 ans, ancienne infirmière ayant finalement trouvé sa voie dans le métier du bois, comme menuisière.

À l’image de beaucoup d’artisanes, elle a d’abord suivi un parcours professionnel plus conventionnel avant de s’orienter vers un métier généralement perçu comme masculin. Elle n’a que 24 ans quand elle commence à travailler dans un HAD (hospitalisations à domicile), et accompagne les personnes en fin de vie. « Les soins étaient lourds, j’étais fraîchement sortie de l’école, avec peu d’expérience, je vivais un stress permanent de peur de mal faire, se souvient-elle. C’est un métier vraiment difficile, il faut les épaules. » Elle poursuit pour autant une année en tant que libérale ; mais malgré l’amour de la profession, le constat est négatif : « c’était la chaîne, ça ne me convenait pas du tout. »

Vient alors le temps du questionnement. Grâce à un bilan de compétences, elle décide de s’orienter vers un métier qui lui plaît depuis longtemps, la menuiserie. « J’y avais déjà songé au lycée mais j’avais peur de me retrouver seule dans un monde d’hommes, alors j’ai choisi le schéma le plus facile en continuant vers le bac. Mais au fil des exercices du bilan, il est apparu que j'avais envie de créer de mes mains ; le bois m’a attirée tout de suite. »

Elsa entame alors sa reconversion en s’inscrivant à une formation pour adultes au GRETA. « Le formateur n’en revenait pas, nous étions huit femmes sur douze dans notre session », se souvient-elle, confirmant que ces dernières ont tendance à s'orienter tardivement vers les métiers de l’artisanat. Elle obtient son CAP en 2018 et débute un stage à l’Atelier Arborescence, à la suite duquel Benoit Luce, fondateur et dirigeant de l’entreprise, lui propose de rester comme apprentie pour préparer son brevet professionnel en alternance. « Benoît est un ancien compagnon du devoir, c’est un très bon pédagogue, aux savoir-faire multiples, explique Elsa. J’ai beaucoup appris avec mes collègues aussi. »

« Ça fait deux ans que je suis salariée maintenant, j’adore ce que je fais, je travaille sur des pièces uniques, sur mesure. On a chacun notre domaine d’intervention, moi je fais surtout de l’agencement : dressings, bibliothèques, meubles de salle de bain ou de buanderie, etc. » La pose se fait en binôme parce que « les gros dressings tu ne les portes pas tout seul, et ce n’est pas parce que je suis une fille », sourit-elle. « Les retours des clients sont vraiment positifs », constate Benoît. « Il faut dire qu’Elsa est une personne très optimiste, proche des gens, humaine », ajoute-t-il. Salariée et employeur s’accordent ici sur des valeurs communes, que sont la confiance, l’autonomie, la convivialité et la solidarité. Ces mêmes valeurs, Benoît les retrouve dans sa coopérative : « J’aime bien l’esprit, on n’est pas dans un rapport de profit, je me sens en confiance, j’ai l’impression de ne pas être un simple consommateur et d’appartenir à un groupe. J’admire les artisans qui dégagent de leur temps pour leur coop. Ce n’est pas le bon timing pour l’instant, mais un jour je me lancerai peut-être. » Comme l’exprime Elsa quand elle parle de son entreprise, « c’est valorisant de pouvoir apporter sa pierre à l’édifice ». 

Elsa
Elsa

« J’aime bien l’esprit, on n’est pas dans un rapport de profit, je me sens en confiance, j’ai l’impression de ne pas être un simple consommateur et d’appartenir à un groupe. J’admire les artisans qui dégagent de leur temps pour leur coop. Ce n’est pas le bon timing pour l’instant, mais un jour je me lancerai peut-être. »

Elsa Agasse