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Portrait - Françoise, la persévérance récompensée

Mis à jour le 23/11/2024

Françoise Renaud

Françoise Renaud, gérante de la SARL Cédric Renaud, adhérente LIGARTIS, n'avait jamais imaginé être à la tête de son entreprise à 40 ans. Et pourtant, la vie en décide autrement, quand son mari, Cédric, 38 ans, décède brutalement d'un arrêt cardiaque en septembre 2014.

Du jour au lendemain, elle fait un choix qui implique toute l'équipe : reprendre les rênes de la société de plomberie, chauffage et sanitaire PMR, sans y être préparée. Ce défi, elle le relève sans hésiter : « Je suis une femme de caractère, j'ai foncé. Dès le lendemain, j'ai expliqué au personnel ma décision de prendre la suite de Cédric. Je me suis appuyée sur les gars, qui ont été d'un grand soutien. »
 

A l'époque, Françoise fait déjà partie des rangs de l'entreprise, elle y travaille comme secrétaire-comptable à mi-temps. Mais son manque d'expérience dans la partie technique et ses erreurs de "débutante" entraînent une perte de confiance de la clientèle, elle peine à conclure des contrats dans un premier temps. « Je me souviens du premier client que je suis allée voir seule. J’essayais tant bien que mal de comprendre ce qu'il me disait. Quand je suis retournée dans ma voiture, je me suis mise à pleurer. » Alors, elle s'accroche, redouble d'effort, pour finalement redresser la barre. « J'ai appris de mes erreurs, sur le terrain. Heureusement que je suis curieuse et que j’ai souvent demandé à Cédric de m’expliquer les devis, ça m’a bien aidé. Et mon équipe a toujours été présente pour m'apporter des explications. » Elle a pu aussi compter sur l'aide d'amis artisans.

Françoise

« Je suis une femme de caractère, j'ai foncé. Dès le lendemain, j'ai expliqué au personnel ma décision de prendre la suite de Cédric. Je me suis appuyée sur les gars, qui ont été d'un grand soutien. »

Françoise Renaud

Françoise ne s'est pas sentie légitime tout de suite dans son rôle de cheffe d'entreprise. Elle se souvient : « Les trois premières années, je ne me suis jamais sentie patronne. Les gars en riaient et m'appelaient toujours comme ça du coup. » Deux éléments déclencheurs vont l'asseoir à sa place de gérante. Le premier est une formation en management. « Les formateurs m'ont ouvert les yeux sur certains sujets, j’ai pris conscience de ce que c’était de gérer une équipe. Ils me disaient : tu n’es pas salariée, tu es cheffe d’entreprise. » Le deuxième est le recrutement de nouveaux salariés. Françoise explique : « Un regain d’activité m’a permis d’embaucher deux nouveaux salariés. On s’est très bien entendus tout de suite. D’avoir choisi du personnel à moi m’a vraiment fait franchir un grand pas. Je les ai recrutés en fonction de mes besoins et de qui je suis. »
 

Aujourd'hui l'entreprise se porte très bien et fait travailler six personnes, dont une stagiaire. « C'est une fierté d’être arrivée jusqu’ici. J’y ai toujours cru car j’avais du personnel compétent. »
 

Françoise se rappelle de ses débuts, quand les clients étaient parfois surpris de voir une femme arriver aux rendez-vous. « Je pensais voir un monsieur. », entendait-elle, ou « Vous vous y connaissez ? ». Maintenant elle sent au contraire que ses clients portent un regard positif sur la minutie de ses prises de mesure et sur son sens de l'écoute.
 

Sa réussite, elle la doit avant tout à sa persévérance et à sa ténacité. Il faut dire que cette grande sportive, qui a couru trois marathons (en 2016 et 2019), n'en manque pas. Elle commence à préparer ces rencontres sportives après le décès de Cédric. A cette période, elle décide aussi de participer, avec sa belle-sœur et une amie de lycée de son mari, au Raid Amazones qui se déroule au Sri Lanka en 2018. Pour financer cet évènement 100% féminin, les trois femmes montent l'association "Défi cœur fragile", qui a pour objectif de sensibiliser le public aux maladies génétiques cardiovasculaires. Elles organisent des marches solidaires, vendent des jeux qu'elles fabriquent… et récoltent plus de 4 600 € qu'elles reversent à l’Institut du thorax de Nantes pour aider la recherche.
 

Le raid dure six jours, durant lesquelles elles enchaînent les épreuves, entre VTT, course, canoë, tir à l’arc, bike & run et course d’orientation. Le dernier soir, elles ont même droit à un lâcher de lanternes, comme un symbole pour dire au revoir à Cédric.