Portrait - L’art de gérer une entreprise

« C’est un peu par hasard que je suis devenu maçon, explique-t-il. J’ai entendu parler du compagnonnage quand j’étais en 3e, et le voyage m’a attiré. Un ami connaissait un compagnon maçon, auprès de qui j’ai suivi un stage. Il m’a motivé dans cette voie. Je ne regrette pas, c’est un métier qui ouvre sur tous les autres corps d’état dans une construction. » À son tour compagnon, il occupe pendant quatre ans le poste de prévôt au Mans, l’amenant à rencontrer de nombreuses entreprises pour placer des jeunes. « J’ai attrapé le virus de l’entreprenariat à ce moment-là », se souvient-il.

En 2004, après cinq années comme conducteur de travaux d’une entreprise de rénovation de monuments historiques, il rachète son entreprise, composée alors de 35 salariés. « Certains salariés ont plus d’ancienneté que moi », constate-t-il, avant d’analyser les raisons de leur fidélité. « Ils travaillent en autonomie et sont responsabilisés, ils prennent une part active dans l’organisation des chantiers, ils ont une vue sur les comptes et l’activité de l’entreprise, en toute transparence, chacun peut se former et évoluer sur son poste. Nous nous réunissons tous les deux ou trois mois pour faire le point sur les chantiers et les améliorations possibles.

Nous avons aussi deux réseaux de communication interne, WhatsApp et Allobiz, un logiciel qui permet de gérer les chantiers, de remplir les heures, de partager les plans ou encore des photos, ce que nous encourageons pour créer du lien. »

Dotée d’une politique sociale moderne, ESBTP est aussi résolument tournée vers l’avenir en ce qui concerne le développement durable. En effet, elle produit et revend de l’électricité produite par ses panneaux photovoltaïques, elle recycle une grosse partie des déchets de ses chantiers, elle utilise un maximum de matériaux recyclés, recyclables ou d’origine renouvelable, elle conseille ses clients sur les matériaux de construction à faible impact environnemental, et ceux qui permettent une amélioration énergétique de leur habitat. « Je défends la durabilité des bâtiments et l’isolation pour consommer moins d’énergie. »

Frédéric s’inscrit aussi dans une recherche active de nouveautés. « Nos métiers n’évoluent pas tant que ça, ce qui rend l’innovation d’autant plus intéressante. Dernièrement, nous avons commencé à proposer du béton imprimé. »

Mais le challenge récent le plus original relevé par ESBTP réside dans la réalisation d’une oeuvre d’art gigantesque, une tour de 24 mètres de haut, en forme de spirale, baptisée La Doublure. Pensée par l’artiste Raphaël Zarka, cette création unique, située sur l’ancienne manufacture d’allumettes de Trélazé (49), répond à une commande passée par l’association Les Amis du patrimoine trélazéen, soutenue par l’État, les collectivités territoriales et plusieurs mécènes privés.

L’oeuvre aura nécessité 35 000 briques, un mois de réflexion en amont sur les techniques et les outils à employer, la réalisation d’une maquette en polystyrène et 7 200 heures de travail, représentant une année de chantier pour l’équipe dédiée, composée de trois personnes. « La vraie performance dans ce chantier est d’être tombés juste dans les calculs financiers », s’amuse à souligner Frédéric.

L’inauguration a eu lieu le 14 juin dernier, en présence de la ministre de la culture, Rachida Dati.