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Portrait - Un oeuvrier taillé pour les challenges

Mis à jour le 04/12/2024

Édouard Touret

C’est au cours d’un salon, en 2009, alors qu’il prépare son Bac, qu’Édouard Touret entend parler pour la première fois du métier qui allait devenir aussi sa passion, tailleur de pierre.

« J’ai obtenu mon BAC, mais peu importait, je savais ce que je voulais faire », confie-t-il. Il entame donc son CAP à Montargis (45) à l’âge de 19 ans. Après deux années de compagnonnage, il met fin à cette expérience. « Je n’ai pas trouvé ma place chez les compagnons du devoir à ce moment-là. » Il continue sa formation au lycée des métiers du bâtiment de Felletin, en Creuse, et valide son brevet professionnel en 2013.

 

Diplôme en poche, il trouve une place dans une entreprise de restauration de bâtiments anciens où il exerce pendant trois ans. Il se lance rapidement dans l’aventure de l’entreprenariat, à 27 ans, et crée la SARL Le Domaine de la pierre peu après. L’entreprise, dont l’atelier est installé à Esvres-sur-Indre, près de Tours (37), est spécialisée dans la restauration de bâtiments en pierre, la taille de pierre et la maçonnerie ancienne.

Édouard Touret

À ses côtés, Claude Zimny, son ancien maître d’apprentissage, 40 ans d’expérience, travaille comme cogérant non-associé. Tous les deux maîtrisent les techniques traditionnelles pour construire des murs en pierre de moellon, poser des sols anciens, créer des ouvertures, enduire à la chaux, tailler des cheminées, escaliers, fontaines, etc.

 

Deux jeunes apprentis en brevet professionnel complètent l’équipe, car transmettre les savoirs et savoir-faire fait partie intégrante des valeurs du compagnonnage, qu’Édouard a Un oeuvrier taillé pour les challenges finalement rejoint à 28 ans. « Il existe plusieurs sociétés compagnonniques, explique-t-il. J’ai intégré l’Union compagnonnique, qui m’a permis d’évoluer dans mon métier tout en restant sédentaire, en partant partout en France sur de courtes durées. Je suis toujours dans cette démarche de perfectionnement et de transmission. » Au-delà d’un savoir-faire, c’est un état d’esprit qu’il donne en héritage.

Édouard Touret

À la coopérative CARRE, qu’il a intégrée depuis trois ans, Édouard retrouve les valeurs d’entraide qui lui tiennent à coeur. « C’est aussi un gain de temps énorme en négociation. Le gros avantage pour nous, c’est la livraison sur les chantiers avec des véhicules adaptés. Pour nous, petites entreprises, être adhérent d’une coopérative est une nécessité. »


Défenseur des métiers de la pierre, Édouard s’investit aussi auprès de la CAPEB en tant que conseiller professionnel, et s’inquiète des problématiques telles que le manque de personnes formées, la pénibilité perçue des travaux et le manque de normalisation du matériau qui fait que « on ne construit quasiment plus de bâtiments tout en pierre. » Malgré cela, sa petite entreprise, dont la réputation n’est plus à faire, ne connaît pas la crise. Il est même en pleine réflexion sur l’avenir. « J’hésite entre rester petit ou développer mon activité », mais comme s’amuse à dire cet homme de challenges : « Je préfère les ennuis à l’ennui. »

Édouard Touret